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Ouéléssébougou, Fana, Dioïla, Markha-Koungo : elles courent, elles courent, les foires hebdomadaires
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Ces souks en plein air regorgent de monde un seul jour de la semaine. Ainsi mardi, mercredi,

vendredi et samedi, sont jour de foire dans les quatre communes rurales de Ouéléssébougou, Fana, Dioïla, Markha-Koungo. Ici, tout se vend et s’achète. Ces foires hebdomadaires connaissent un renommée considérable dans notre pays de par leurs capacités à satisfaire les besoins fondamentaux des populations rurales. Elles attirent des centaines de colporteurs venus écouler leurs marchandises.
La position géographique, la capacité de production agricole sont des facteurs déterminants dans l’essor des villes foraines. Ces facteurs favorisent l’afflux des producteurs et des commerçants venant de tous les coins du pays. Les produits proposés sont variés. Céréales, bétail, volailles, agrumes, légumes, lait, beurre de karité, bois de chauffe, charbon de bois et autres denrées de première nécessité attirent de nombreux revendeurs de la capitale.
Les jours de marché, l’ambiance est particulière dans ces villes foraines. Dès l’aube, minicars et charrettes déchargent leurs cargaisons. Acheteurs et vendeurs s’interpellent et discutent des prix.
À chaque arrêt des minibus, les vendeuses se précipitent aux portières des véhicules pour présenter soit des oranges déjà pelées, des sachets d’eau, de jus de gingembre, de bissap ou du lait. Les œufs durs sont servis avec la traditionnelle pincée de sel. Les offres de légumes divers feraient le bonheur d’un végétarien, pendant que les miches de pain s’amoncellent sur les tables des "gargotières".
Les forains des villages environnants arrivent par convoi de 10 à 30 charrettes où à vélo. Ils viennent proposer des produits du cru et faire leurs provisions pour la semaine. Les foires hebdomadaires sont également considérées comme des baromètres de l’opinion locale et nationale. Elles servent à prendre le pouls de la santé de la famille, du village, voire même de la nation.

EN CONNAISSANCE DE CAUSE : Il va, sans dire que, les affaires sont florissantes sur les marchés forains. Les transactions atteignent facilement des millions de nos francs. L’argent passe de main en main, dynamisant l’économie locale. Tiémoko Soumaoro, un commerçant détaillant de Ouéléssébougou, fréquente le "vendredi" du Djitoumou depuis plus de vingt ans. Ce colporteur appelé "Nafing Tiémoko", tire sa notoriété de la foire de Ouéléssébougou. Il définit la foire comme "le jour du partage de l’héritage commun". "Je m’approvisionne en condiments à Bamako, pour venir les revendre", précise-t-il.
"Nafing Tiémoko" est convaincu que les foires hebdomadaires jouent un rôle essentiel dans le développement économique de la localité. Le jeune opérateur le dit en connaissance de cause. "Chaque vendredi, la commune reçoit plus de 200 commerçants venus de toutes régions de notre pays. Ils sont à la fois vendeurs et acheteurs. Les forains de Mopti, par exemple, apportent du poisson fumé et séché. En retour, ils achètent des céréales et du beurre de karité", commente notre interlocuteur.
Dioïla, chef-lieu de cercle compte 23 villages. La grande foire hebdomadaire de la localité se tient tous les samedi, offrant des grandes opportunités d’affaires. "Le jour de foire les populations rurales viennent écouler leurs produits et faire leurs provisions avant la semaine suivante", explique Yacouba Dowélé Mariko, le maire de Dioïla. L’édile est heureux pour les paysans de sa localité qui tirent profit de l’agriculture, de l’élevage, de l’aviculture, de l’apiculture, des produits de la tradithérapie.
La commune est investie par de nombreux conducteurs de véhicules qui viennent explorer "le samedi de Dioïla". La mairie ratisse, les jours de foire, entre 50 et 75 000 Fcfa de taxes. Malgré, la mauvaise organisation des collecteurs, la mairie encaisse dans le mois, de 100 000 à 150 000 Fcfa de taxes de marché. Cet argent sert, en théorie, à l’entretien du marché mais on peut imaginer qu’il bouche bien d’autres trous.

LE MOTEUR DU DÉVELOPPEMENT : La ville de Fana est un carrefour d’intenses transactions économiques. La foire hebdomadaire de mercredi tire partie de cette position enviable. Commune rurale du cercle de Dioïla, la localité excelle dans l’exploitation du coton, principal produit d’exportation de notre pays. La Compagnie malienne de développement des textiles (CMDT) en a fait un pôle de production de "l’or blanc". Depuis, la ville et ses environs connaissent une prospérité certaine. L’implantation de l’usine CMDT a attiré du monde et la cité totalise actuellement 32 000 habitants tandis que Dioïla, le chef-lieu de cercle, n’en compte "que" 28 535.
"La position géographique idéale de la ville, à mi-parcours entre Bamako et Ségou, favorise son épanouissement", confirme Lassine Diallo, secrétaire général de la mairie de Fana. Le petit commerce est très développé dans la ville qui aligne plus de 200 magasins et boutiques le long du "goudron", la route nationale qui la traverse. La foire de Fana est la plus courue de toutes les foires du cercle de Dioïla. Des commerçants du Burkina, de Côte d’Ivoire, de Guinée et même de Mauritanie viennent grossir le contingent national. La foire constitue, tous les mercredi pour la mairie, une grosse source de rentrées de fonds sous forme de taxes de marché et de transport.
Le voyageur venant de la capitale, effectue un premier stop à Markha-Koungo. Le lait frais ou caillé et la viande donnent un aperçu gourmand de la qualité de vie locale. Mais Fana est surtout reconnu pour la fraîcheur de ses produits maraîchers. Chaque mardi, les femmes viennent ici par centaines pour s’approvisionner en tomates, aubergines, piment, gombo, et pastèques pendant presque toute l’année.
On l’a compris : ces foires hebdomadaires sont le moteur du développement pour les communes qui les hébergent. Elles drainent la production locale, la suscitent et font le bonheur des producteurs comme des gros négociants, des marchands ambulants, hommes et femmes, qui les fréquentent.
C’est le cas de Mariam Diarra, commerçante et veuve vivant à Niamakoro, à Bamako. Elle vendait du charbon au détail devant sa porte et arrivait à peine à subvenir aux besoins de sa nombreuse famille. "Il y a 6 ans, un inconnu est venu me rendre visite chez moi. Il m’a donné une enveloppe contenant 100 000 Fcfa avant de disparaître sans même me donner le temps de le remercier. C’est avec cet argent que je me suis lancé dans le tour des foires. J’ai commencé par Ouéléssébougou où j’achetais du charbon. Une année après, j’avais amassé plus de 500 000 Fcfa dans ma cagnotte. Je fréquente les foires de Markha-Koungo, Fana, Kati et Dioïla depuis 6 mois. J’achète tout ce qui est vendable", raconte Mariam Diarra. La dame restera très discrète sur son chiffre d’affaires mais n’a pas caché qu’elle possédait un minicar pour transporter ses marchandises.
Bamoussa Diaby achète des céréales. Il se déplace de foire en foire, de village en village, pour acquérir le grain qu’il transporte à Bamako pour le revendre. Bamoussa répond, aujourd’hui, au surnom éloquent de "Ba-million" dans les foires hebdomadaires. Il est propriétaire d’une flotte d’une dizaine de camions qui sillonnent tous les gros marchés des régions de Koulikoro et Sikasso.
"Je me demande ce que je serais devenu sans ces foires. Je passe la semaine à courir d’un marché à l’autre. Je suis bien placé pour parler de leur importance pour les populations rurales", commente "Ba-million". On peut le croire sur parole.

category:  agriculture
author:  Doussou DJIRÉ
source link:  http://www.essor.gov.ml/jour/cgi-bin/view_article.pl?id=14324
date:  04 Jan '07