Tabaski 2006 - 72 000 moutons inondent le marché de la consommation
take action
Tout est mis en œuvre pour que le marché ivoirien du mouton soit ravitaillé régulièrement. Samedi 23 décembre 2006, il est 10 heures. Nous sommes au parc à bétail de Port-Bouët, qui grouille de marchands d’acheteurs de moutons et de viande. Entre deux bêlements de moutons, nous accostons dame Diomandé venue s’offrir le mouton du sacrifice d’Abraham communément appelé Tabaski. Mme Diomandé dont l’ardeur et la détermination ne sont pas entamées par l’odeur du pissat rendue suffocante par la chaleur, trouve les prix abordables. Elle ajoute : " Par rapport à l’année dernière, je trouve les prix à la portée de l’Ivoirien moyen. Car je constate qu’avec 60 mille F CFA, on peut s’offrir un bon mouton de bonne qualité, pour accomplir ce rituel cher à tout musulman qui en a les moyens" Plus loin, devant un autre enclos, nous tombons sur Doumbia Amadou; un autre acheteur. Certainement moins nanti que Dame Diomandé, M. Doumbia trouve les prix hors de portée quand il dit : " Je trouve les prix tout de même élevés. Je me demande bien si le fait que la Tabaski et les autres fêtes de fin d’année, coïncident n’est pas à la base de cette flambée. J’ai besoin d’un mouton dont le prix oscille entre 60 et 75 mille FCFA. Mais la bête qu’on me propose ne me convient pas". Il est 12 heures, après une petite promenade sur le site, qui nous a permis de nous rendre compte que le parc est vraiment fourni en bétail, nous décidons d’aller à la rencontre du Comité d’Organisation de la " Quinzaine du mouton ". Sur notre chemin, nous tombons sur des éléments de la Compagnie républicaine de Sécurité, (CRS). L’un d’entre eux nous demande poliment de décliner notre identité. Ce que nous faisons immédiatement. Dans la petite causerie qui s’engage par la suite, notre interlocuteur nous apprendra que leur présence sur le Terminal à Bétail vise à assurer et garantir la sécurité de bouviers et des éventuels acheteurs contre les petits voleurs. Le sergent P.K. précise : " Depuis le démarrage de la quinzaine, nous avons déjà pris quatre malfrats que nous avons mis au violon. Et nous serons sans pitié pour tous ceux qui seront pris en train de détrousser des marchands ou voler une bête ". Sur les dispositions pratiques prises cette année, Touré Sékou, président du Comité d’Organisation rassure les consommateurs ivoiriens : " Si au fort de la crise, dit-il, nous sommes passés par le Ghana, pour ravitailler le marché ivoirien, ce n’est pas maintenant que nous allons faillir à notre devoir. Car, malgré la campagne orchestrée par les mauvaises langues qui sont allées dire à nos partenaires du Mali, du Burkina et du Niger de ne pas venir, ils sont venus sur le marché d’Abidjan qui, il faut le préciser, est très porteur. On y vient, l’on y place ses bêtes et on retourne paisiblement avec son argent en espèce. Ce qui n’est pas le cas sur les marchés d’Accra ou de Lagos. A Port-Bouët, la sécurité a été renforcée avec le concours des Forces de Défense et Sécurité, (FDS.CI) qui veillent au grain, avec l’appui d’un groupe de jeunes formés pour la circonstance. Concernant la couverture des besoins, le président de la Fédération nationale de la Filière Bétail ajoute : "Nous prévoyons 72 mille têtes, cette année, contre 68 mille, l’année dernière. Nous prévoyons la répartition suivante : 60 mille, têtes pour le parc de Port-Bouët. Pour sa part, Koné Vaffi, le président de la section nationale de cette confédération, en dépit du coût élevé du convoyage, estime que tout a été mis en œuvre pour approvisionner le marché de la consommation, non seulement pour la Tabaski, mais aussi la Saint sylvestre. Il précise. " Les moutons et les bœufs que nous mettons à la consommation, affirme-t-il, sont de bonne qualité car, aussi bien au départ qu’à l’arrivée en zone gouvernementale, c’est-à-dire à Tiébissou, des équipes zoo sanitaires les soumettent à une visite". Mieux, pour faciliter la tâche aux fidèles musulmans, des marchés ont été ouverts dans chaque commune du District d’Abidjan.
