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Ségou : PLUS DE POLÉMIQUE QUE DE BONNES AFFAIRES
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Ségou aussi se prépare à la "fête des moutons". Dans la "Cité des balanzans", les marchés à bétail sont relativement bien approvisionnés, mais les habitants sont presque unanimes à juger que le bélier coûte cher cette année. "Le mouton est cher. Cela fait un peu plus de 10 jours que je cherche un bon bélier à un prix raisonnable. Je n’arrive pas à m’entendre avec les vendeurs sur les prix qui sont indéniablement au dessus de la moyenne des dernières années. Les moutons que l’on pouvait avoir à 20 ou 25 000 Fcfa sont aujourd’hui proposés à 35 voire 40 000 Fcfa. C’est vraiment dur. C’est d’autant plus paradoxal que la Région de Ségou est considérée comme l’une des principales zones pourvoyeuses du pays en bétail", se plaint El Hadj Boubou. Sur les différents marchés, le prix du bélier varie, en effet, entre 35 et 70 000 Fcfa.
Le sentiment du septuagénaire est partagé par beaucoup de Ségoviens sur les marchés de bétail. Tous font remarquer que la région est une zone agro-pastorale par excellence. Le cheptel des petits ruminants (moutons, chèvres) est très important. Certains qui assurent être des connaisseurs de la filière, jurent que le mouton coûte même moins cher à Bamako qu’à Ségou !
"Le problème ne date pas d’aujourd’hui. Chaque année, les revendeurs de mouton créent une pénurie artificielle à l’approche de la fête. Ils vont dans les villages, achètent les bêtes chez les éleveurs puis transportent l’essentiel vers Bamako. Ce qui est de nature à créer un déficit sur les marchés locaux. La demande étant plus forte que l’offre, il va sans dire que les prix grimpent", explique Aliou Dicko. Les relatives bonne récoltes y sont également pour quelque chose, ajoute-t-il.
C’est aussi l’avis d’un responsable communal. "Quand on a fait de bonnes récoltes, on ne se sent pas dans le besoin. Donc on ne brade pas ses animaux", explique-t-il.
Transporteur et considéré comme un connaisseur, Amadou Diallo juge tout à fait compréhensible que les éleveurs et les revendeurs "exportent" leurs animaux vers la capitale. "Ici à Ségou, le marché est timide. On n’arrive pas à vendre car beaucoup de familles ségoviennes ont leurs troupeaux dans lesquels ils choisissent leurs béliers pour la fête. Alors pourquoi les gens ne transporteraient-ils pas leurs animaux là où le marché est plus porteur ?", s’interroge Diallo.
Abdoulaye est d’un avis contraire. Il dénonce plutôt des revendeurs âpres au gain. "Les gens pensent faire de bonnes affaires en amenant leurs moutons à Bamako. Cela n’est évident. Car d’autres régions du pays font la même chose et finalement, la capitale se retrouve submergée de bêtes. J’ai constaté qu’après la fête, les marchés ségoviens sont bien approvisionnés. Il s’agirait de bêtes qui n’ont pas trouvé preneur et que l’on a ramenées de Bamako. Ces moutons sont alors vendus à des prix au dessous de ceux qui avaient été proposés auparavant aux propriétaires", constate Abdoulaye.
Karim, un vendeur confirme qu’après la fête, des bêtes sont ramenées à Ségou. Il assure avoir lui-même été victime de cette situation. "Mais si les gens transportent leurs animaux à Bamako avec toutes les dépenses que cela implique, c’est parce que le marché ségovien est déprimé. Les acheteurs jouent à l’expectative. Quant on amène un mouton au marché, on veut le vendre le plus vite possible car l’entretien, surtout la nourriture coûte cher".
Le marché ségovien des moutons est ainsi. D’un côté, des acheteurs au compte-gouttes qui trouvent les prix trop élevés. De l’autre, des vendeurs qui se désolent de la faiblesse de l’affluence sur le marché. Dans ces conditions, seuls ceux qui pratiquent l’élevage familial (et ils sont nombreux) sont tranquilles.

category:  politique agricole
author:  L. DIARRA
source link:  http://www.essor.gov.ml/
date:  15 Dec '06